Programme d’accès anticipé en France : Quelle est l’ampleur de l’opportunité ?

La France a une longue tradition du Programme d’accès précoce (PAE)

Selon l’indicateur W.A.I.T. des patients de l’EFPIA 2024, le délai médian d’accès des patients aux nouveaux médicaments en France est de 549 jours. Pour les personnes atteintes de maladies graves, souvent mortelles, sans alternative thérapeutique, ces temps d’attente prolongés peuvent réduire considérablement leurs chances de survie.

Le PAE français est souvent reconnu comme l’un des plus ambitieux en Europe pour permettre un accès rapide des patients à l’innovation. En 2021, le programme a fait l’objet d’une réforme majeure, remplaçant le régime d’Autorisation Temporaire d’Utilisation (ATU) de longue date , en place depuis 1994, par le cadre actuel d’Accès Précoce (AP). Tout en préservant les principes fondateurs de l’ATU, largement salués par les représentants des patients, des médecins et de l’industrie comme étant « extraordinaires », « particulièrement bien organisés et efficaces », « un mécanisme essentiel », « une occasion incroyable d’accès au traitement », la réforme visait à renforcer la gouvernance, à rationaliser les procédures et à remédier à certaines des limites structurelles de l’ancien système, en particulier en ce qui concerne la collecte de données dans le monde réel. transparence et financement.
Dans cette série approfondie, nous explorerons la structure actuelle du PAE français, examinerons comment il pourrait évoluer dans les années à venir et évaluerons le rôle potentiel du Système national de données de santé (SNDS) dans le soutien à la collecte de données du monde réel dans le cadre de l’AP.
Un système à deux niveaux : Autorisation de mise en marché préalable et post-AMM
- Accès pré-AMM (AP1) : Cette voie concerne les médicaments innovants qui n’ont pas encore reçu d’AMM. L’approbation en vertu de l’AP1 exige des données préliminaires solides à l’appui de l’efficacité et de l’innocuité, ainsi qu’un engagement officiel du fabricant à soumettre une demande d’AMM. L’accès en vertu de l’AP1 prend fin une fois que l’AMM est accordé.
- Accès post-AMM (AP2) : Cela s’applique aux médicaments qui contiennent déjà de l’AMM, mais qui ne sont pas encore remboursés par le système national d’assurance maladie (NHI). AP2 peut être demandé soit dans le prolongement de l’AP1, soit en tant qu’application autonome (de novo ). Afin d’assurer un accès ininterrompu aux patients qui ont commencé le traitement dans le cadre de l’AP1, les fabricants doivent présenter une demande de remboursement dans le mois suivant la réception de l’AMM.
Dans les cas AP1 et AP2, la décision d’accès anticipé est prise par le SAH. Pour AP1, cela fait suite à un avis contraignant de l’ANSM, qui évalue l’efficacité et l’innocuité présumées du médicament. Une fois qu’une demande (AP1 ou AP2) est soumise, l’évaluation qui doit être légalement complétée dans les 90 jours par HAS comprend :
- Un premier avis scientifique de l’ANSM (pour AP1 seulement) ;
- Un examen des critères d’admissibilité ;
- Une évaluation du plan de développement clinique, y compris la conception et la maturité de l’essai ;
- Une évaluation de la stratégie de données du monde réel, qui doit être décrite dans un protocole d’utilisation temporaire et de recueil de données (PUT-RD).
Dans le cadre de son processus d’examen, la HAS peut inviter des associations de patients, des experts externes et des fabricants à présenter ou à défendre leurs demandes lors d’audiences spéciales.
Le HAS exige que quatre conditions principales soient remplies pour être admissible au PAE
Pour qu’un médicament soit admissible à l’AP, le HAS exige que quatre conditions principales soient remplies dans le cadre de l’accès demandé, qui peut être plus étroit que l’AMM éventuel. Dans cette portée définie :
- Le traitement doit traiter une maladie grave, rare ou invalidante. Cela comprend les affections caractérisées par une gravité clinique, comme une mortalité ou une morbidité élevées, par une progression chronique ou irréversible, y compris des maladies à évolution lente qui ne mettent pas immédiatement la vie en danger, ou par rareté, définies comme une prévalence inférieure à 5 pour 10 000 personnes.
- Il ne doit pas y avoir de solution de rechange thérapeutique appropriée dans l’indication demandée. Pour remplir cette condition, aucun traitement disponible ne devrait :
- Détenir un AMM dans la même indication ou, au cas par cas, être utilisé hors indication conformément aux directives françaises ou internationales appuyées par des données adéquates sur l’innocuité et l’efficacité ;
- Et être accessible et disponible dans toute la France sans pénurie actuelle ou prévisible ;
- Et être remboursé ou financé par NHI ;
- Et présenter des données cliniques supérieures à celles du traitement sur demande AP. Si les traitements existants démontrent une équivalence ou une non-infériorité, le nouveau traitement peut tout de même être admissible s'il apporte une valeur ajoutée en simplifiant le parcours de soins, en améliorant la sécurité, en améliorant la qualité de vie (p. ex. passer de la forme injectable à la forme orale), en améliorant l'intention du traitement (p. ex. de palliatif à curatif) ou en offrant une nouvelle forme d'administration adaptée à une population spécifique (p. ex. formulation pédiatrique).
- Le traitement ne peut pas être reporté, ce qui signifie que tout retard entraînerait un risque clinique important, entraînerait potentiellement des dommages irréversibles ou entraînerait l’absence d’une fenêtre thérapeutique critique
- Le médicament doit être présumé novateur. L’innovation, telle que définie par HAS, comprend des améliorations significatives dans les soins aux patients, telles que l’efficacité, la sécurité, la qualité de vie ou l’organisation du système de santé. Pour AP1, la demande doit être appuyée par des données cliniques prometteuses (résultats intermédiaires ou finaux) ou, si elle est déposée beaucoup avant la date prévue de l’AMM, par des conclusions préliminaires concluantes ; pour AP2, la demande doit présenter des résultats d’efficacité concluants en fonction du paramètre principal soumis pour l’AMM. Le traitement doit être soutenu par un plan de développement clinique rigoureux comprenant des essais cliniques avec une méthodologie appropriée. Les méthodologies jugées inappropriées comprennent les essais de phase I, les essais de non-infériorité, les essais non comparatifs sans justification solide, les essais utilisant des comparateurs non pertinents et les études avec des paramètres primaires mal adaptés.
Certains traitements qui n’étaient pas admissibles en 2024 illustrent les critères d’éligibilité stricts appliqués par les autorités sanitaires françaises. Il s’agit notamment de l’éfanesoctocog alfa pour la prophylaxie de l’hémophilie A sévère, de l’isatuximab en association avec le bortézomib, le lénalidomide et la dexaméthasone pour le myélome multiple non traité auparavant ou du pembrolizumab en association avec la gemcitabine et le cisplatine pour le traitement de première intention des adultes atteints d’un carcinome des voies biliaires localement avancé non résécable ou métastatique, qui ont été refusés en raison de la disponibilité des options de traitement existantes et de la possibilité de retarder le traitement. Il s’agit également du béralizumab pour la granulomatose à éosinophiles ne répondant pas au mépolizumab, qui a été rejeté car l’ANSM a conclu qu’il n’y avait pas suffisamment de données sur l’efficacité ; ou du lomitapide, en complément d’un régime pauvre en gras et d’autres traitements hypolipémiants dans l’hypercholestérolémie familiale homozygote non contrôlée, qui a été refusée en raison d’un manque d’innovation présumée
Toute approbation du PAE dépend de la mise en œuvre d’un PUT-RD
La HAS encourage la participation des organisations de patients et des sociétés scientifiques pour aider à définir les mesures de résultats pertinentes. Ceux-ci correspondent généralement à ceux sélectionnés dans l’essai pivot. L’utilisation d’un formulaire de rapport de cas électronique (FCR) est fortement recommandée pour réduire le fardeau administratif et améliorer la traçabilité des données. Les fabricants sont responsables d’assurer l’exhaustivité des données, avec un objectif de moins de 10 % de données manquantes, et doivent fournir les ressources appropriées pour aider les prescripteurs à respecter ces obligations. Le non-respect de ces obligations peut compromettre le renouvellement du PAE et influencer négativement le processus décisionnel en matière de tarification et de remboursement, notamment en façonnant la perception du HAS de la valeur du traitement et de l’impact dans le monde réel. Une avenue prometteuse, explorée plus en détail dans la partie 3 de cette série, est le couplage potentiel des données PUT-RD avec le SPDN de la France afin de rationaliser la collecte et d’améliorer la fiabilité.
Un nombre important d’approbations d’accès anticipé ont été accordées entre 2021 et 2024, mais l’année dernière a vu une augmentation notable du nombre de rejets
Dans nos prochains articles, nous examinerons la façon dont le paysage du PAE devrait évoluer au cours des prochaines années et explorerons comment le SPDN pourrait améliorer la production de données probantes du monde réel dans le cadre du PAE.
Cet article résume la compréhension du sujet par Cencora sur la base d’informations accessibles au public au moment de la rédaction (voir les sources énumérées) et de l’expertise des auteurs dans ce domaine. Les recommandations formulées dans l’article peuvent ne pas s’appliquer à toutes les situations et ne constituent pas des conseils juridiques. Les lecteurs ne doivent pas se fier à l’article pour prendre des décisions liées aux sujets abordés.
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Bibliographie
- Fédération européenne des produits pharmaceutiques (EFPI). Enquête sur l’indicateur W.A.I.T. 2023 des patients. Juin 2024. https://efpia.eu/media/vtapbere/efpia-patient-wait-indicator-2024.pdf
- HAS. Autorisation d’accès précoce aux médicaments : doctrine d’évaluation de la HAS. 2022. https://www.has-sante.fr/jcms/p_3274435/fr/autorisation-d-acces-precoce-aux-medicaments-doctrine-d-evaluation-de-la-has
- HAS. Bilan accès précoce 2021 à 2024. Octobre 2024. https://www.has-sante.fr/jcms/p_3555537/fr/bilan-des-acces-precoces-aux-medicaments-288-decisions-en-trois-ans-infographie
- Journal Officiel de la République Française (JOFR). LOI n° 2020-1576 du 14 décembre 2020 de financement de la sécurité sociale pour 2021. Décembre 2020. https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000042665307
- Sénat. Médicaments innovants : consolider le modèle français d'accès précoce. Rapport d'information n°569 (2017-2018). Juin 2018. https://www.senat.fr/rap/r17-569/r17-5693.html
Ressources connexes
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